La Cité des ingénieurs : film

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Film réalisé par Eline Benjaminsen pour sa sortie de résidence de Jachères.

Eline Benjaminsen a d’abord consulté les archives de la ville pour comprendre l’histoire de la Cité des ingénieurs de la raffinerie BP, fascinée par l’optimisme qui, malgré la pollution, a poussé les cadres de BP à vivre dans cette cité jardin bourgeoise, avec leur famille, juste à côté de la raffinerie. Ce site vidé de ses habitants à la fin des années 1990, reste entrentenu jusqu’à sa destruction au milieu des années 2010, une cité fantôme. 

Après plusieurs jours d’observation, Eline Benjaminsen s’est finalement attachée à l’observation des arbres survivant de la Cité. Mémoire du lieu, et aussi «puit de carbone»—l’emprunte carbone un concept inventé par le pétrolier britannique.

« Ce que je remarque, c’est que les films des arbres deviennent intéressants. Ils sont extrêmement silencieux, Ce sont des plans fixes d’arbres. Il s’agit de documenter très peu de choses. Et je pense que cela est aussi une partie de ce que je finis par faire dans un grand nombre de mes projets. C’est comme si je finissais par vraiment photographier très, très, très peu. C’est juste que je regarde très attentivement les sites qui sont au centre de mes intérêts. La photographie ou le film sont les médias les plus proches de nos expériences présentes, et de notre propre capacité à regarder quelque chose. Regarder vraiment, vraiment intensément ce qui n’est pas vraiment visible qui n’apparaît pas d’un premier abord. L’image permet également de comprendre le peu de moyens dont nous disposons pour comprendre ce qui est devant nous. L’image nous confronte peut-être à nos limites sensorielles. Ce qui, je pense, est aussi la raison pour laquelle nous sommes incapables de vraiment ressentir les systèmes en réseau comme le changement climatique ou, le secteur financier et ses impacts parce que ce n’est pas quelque chose que nous ressentons, ce n’est pas quelque chose que l’on sent : nous ne pouvons pas les voir. Documenter les espaces où ces choses se déroulent réellement même s’il s’agit simplement de nous montrer ce que nous ne pouvons pas voir… C’est cela, ce seuil qui me fascine, et c’est aussi pour cela que j’utilise la photographie et le cinéma, parce que c’est ce qui se rapproche le plus de cette perception. Est-ce que cela a du sens ? »